30 avril 2008

Acquisition du vocabulaire

La Chipounette utilise une méthode à la fois simple et éprouvée d’acquérir plus de vocabulaire. Si on le faisait tous quand on apprend une nouvelle langue, ça irait sûrement plus vite. Seulement, de la part d’un adulte, ce serait probablement un peu plus agressant pour ceux qui l’entourent. Je vous donne un exemple.

- C’est quoi ça ?
- Une tasse
- Tass. C’est quoi ça ?
- La poignée
- Poign. C’est quoi ça ?
- Mon cahier.
- Cahier maman. C’est quoi ça ?
- Ca ma chérie, tu sais c’est quoi.
- Sapo. C’est quoi ça ?
- La cafetière
- Cafeti. C’est quoi ça ?
- Une spatule.
- Patul. C’est quoi ça ?
- Tu me l’as déjà demandé, c’est ma tasse de café.
- Ouuuuu. Café. Moi veux.

Des heures de plaisir. Et oui, ma fille aime le café noir de sa maman. Mais je rassure tout de suite les plus inquiets, elle n’a droit qu’à un doigt trempé dans la tasse de maman.

29 avril 2008

La gazinière

Quand on cuisine au gaz, dans un contexte où il y a régulièrement des pénuries dans la ville, on constate immédiatement ce qui prend beaucoup de ressources et ce qui n’en prend pas. La consommation du gaz est beaucoup moins abstraite que celle de l’électricité. Feu vif : utilisez beaucoup de gaz, feu doux, diminuez l’apport en gaz. C’est très écologique. On ne fait pas cuire les pâtes à feu vif une fois qu’on a atteint l’ébullition, c’est du gaspillage d’une ressource limitée.

Au début, on se retrouve un peu embêté, parce que cuisiner sur la gazinière, ce n’est pas la même chose qu’avec la cuisinière électrique. Puis on s’habitue, on finit même par apprécier et au bout de la ligne, on se dit que ce sera une des choses qui vont manquer quand on rentrera au pays.

28 avril 2008

On ne peut pas tout nommer

'Il faut mettre un caillou sur ton dossier'


Ça fait référence au vent qui emporterait le papier si on ne le leste pas un peu. Mais le caillou en question prend généralement la forme d’un billet de banque.

25 avril 2008

La vie d’une canette africaine

Je vous ai fait miroiter un reportage photo sur Katako, mais je n’ai pas tenu ma promesse. En voilà un début.

Katako est le plus grand marché de Niamey. Il y a une section où arrivent toutes les denrées alimentaires de la ville : céréales, fruits et légumes qui arrivent des zones côtières ou de l’intérieur du pays. Mais je ne l’ai pas visitée.

Ce que j’ai eu la chance de voir, c’est le quartier des artisans recycleurs. Ces hommes travaillent à partir de matériaux récupérés. Ils sont au bout de la chaîne, ils transforment la matière rejetée en produits revendables.

Je vous donne aujourd’hui l’exemple de la filière aluminium. La matière première, ce sont les canettes de bières, de jus, de sucreries, etc. Il y a jusqu’à 3 tonnes d’aluminium qui sont transformées par semaine (on m’a dit par jour, mais j’ai du mal à y croire). Une faible partie de ces canettes viennent de Niamey, mais la plupart sont importées du Nigéria.



Il faut le faire fondre.




Puis le mouler.
Et on obtient comme produits finaux des marmites et des ustensiles de cuisine.

Dont il faut faire la finition.
Avant de les vendre

Et voilà les résidus de plusieurs semaines de travail d'un atelier.

23 avril 2008

Une piqûre

Prendre une aiguille, la faire pénétrer le muscle et injecter un liquide suscitant obligatoirement une réaction du système immunitaire.

On appelle généralement ça un vaccin. La Chipounette et moi avons eu notre dose hier. Moi contre la typhoïde et elle contre l’hépatite A, à répéter dans 6 mois, et la typhoïde. Se faire vacciner en même temps que sa progéniture a l’avantage de nous faire comprendre exactement ce dont elle parle quand elle dit ‘boboooo’ quelques heures après.

J’aurais vraiment dû me faire vacciner dans le bras gauche. Parce que je suis courbaturée de l’épaule au poignet et que c’est assez moyen quand on se sert d’une souris toute la journée.

D’ailleurs au Niger, on va chercher les vaccins à la pharmacie, on les met sur un bloc de glace et on se dépêche de se rendre à la clinique avant qu’ils ne subissent les affres de la chaleur. En arrivant chez le médecin, ils nous font tout de même voir l’infirmière en priorité pour l’injection. Tout a été fait dans les règles, je vous rassure, et nous sommes maintenant toutes deux protégées contre les vilains microbes qui sévissent dans les eaux croupies, quoique nous n’ayons pas particulièrement tendance à nous y abreuver, mais on ne sait jamais.

22 avril 2008

Tabliers et boutiquiers

Les deux vendent des produits de première nécessité au coin des rues. Comme leurs noms l’indiquent, certains ont une boutique permanente et les autres une petite table qu’ils rangent dans la concession à la fin de la journée.


Chez nous, ça s’appelle un dépanneur. En France, je n’ai pas trouvé l’équivalent.

21 avril 2008

Questionnement

Vais-je ou ne vais-je pas me raser la tête?



Quand je commence à me poser la question, c'est signe que ma décision est déjà prise.

18 avril 2008

Des déchets

Un des premiers messages que j’ai mis sur le blog en arrivant à Niamey concernait un embryon de gestion des déchets. Je ne croyais pas en l’écrivant que je finirais par travailler sur ce sujet.

Depuis quelques mois, j’ai laissé tombé le renforcement des capacités des coopératives maraîchères (enfin ! voyez ici et pour voir l’atmosphère de travail qui y régnait). Ce n’a pas été une chute grave, le peu qui avait été construit s’était déjà effrité.

Depuis, je travaille sur une étude de faisabilité de gestion des déchets solides ménagers à Niamey. L’idée, c’est de faire plusieurs enquêtes sur la situation de la filière de la ville afin d’élaborer un projet de mise en œuvre qui s’applique à la réalité locale (oula, bel échantillon de langage « coopération »).

C’est une étude avec ses forces et ses faiblesses, comme tous les projets, mais personnellement, j’y crois de plus en plus. Si c’est bien fait, ça peut donner des résultats. Pas demain matin, bien sûr, mais d’ici quelques années, oui.

Quant à savoir si c’est bien fait, ça repose en partie sur mes épaules. Je ne suis qu’un maillon de la chaîne, mais c’est motivant de savoir que le travail que je fais participe à la réalisation de quelque chose. Ca fait changement.



Là où j’ai du mal à me motiver, c’est dans la rédaction de rapports. Mais si on veut de l’argent pour réaliser le projet, il faut bien rendre des comptes à ceux qui ont l’amabilité de nous en donner. Ca fait partie du jeu.

17 avril 2008

Expressions et locutions

Certaines expressions me plaisent bien, généralement parce qu’elles sont assez imagées. J’en ai quelques-unes en banque, je vais vous les faire connaître une à une (ah ha ! plus de billets de blog).

On commence par :

Poser sa marmite – cuisiner

Comme dans ‘Je dois aller poser ma marmite.’
Ou ‘Qu’est-ce que je vais mettre dans ma marmite ce soir ?’

Tiens c’est vrai ça, qu’est-ce que je vais mettre dans ma marmite ce soir ?

15 avril 2008

Définition du « prime time »

A Niamey, quand on n'a pas le cable, les pires moments pour regarder la télévision, ce sont les soirs de fin de semaine – et même souvent de semaine – entre 20h et 22h. Quand on est chanceux, il y a des nouvelles, sinon ce sont des clips, avec au choix : des productions locales (toujours les mêmes), du gangsta rap américain, du coupé-décalé ivoirien, un peu de RnB et beaucoup de musique mièvre, préférablement des années ’80.

Des fois, on tombe aussi sur des trucs hyper étranges, comme ce samedi après-midi où j’ai regardé quelques minutes d’un film sur Jésus traduit en Haoussa.

Ce qui m’a d’ailleurs confirmé que le Haoussa, quand on n’y comprend rien, ça sonne comme une langue asiatique.

14 avril 2008

Recevoir

Au Québec, quand on invite des amis pour une soirée, chacun arrive avec ses consommations. C’est comme ça, on ne se pose même pas la question. Il y en a que ça choque, mais généralement le ratio consommations : consommateurs est parfaitement équilibré.

A Niamey, il ne faut surtout pas compter sur ça. Quand on invite, on achète pour tout le monde, sinon, la soirée sera courte. Il faut prévoir les bières et les sucreries en fonction de la liste d’invités. Et comme les bouteilles sont entreposées au soleil nigérien, on a intérêt à s’y prendre d’avance si on veut la bière froide.

11 avril 2008

Mes excuses

Publier quelque chose d'écrit la veille sur l'ordi de la maison : 2 secondes.

Répondre intelligemment à vos commentaires : minimum 15 minutes.

Ce n'est donc pas parce que je publie quelque chose que j'ai du temps. Je lis vos commentaires avec attention et je mets mes réponses sur ma (longue) liste de choses à faire.

Et comme je ne peux consulter mes blogs (les miens et ceux que j'aime lire) qu'après 17h, heure à laquelle j'ai généralement envie de rentrer chez moi, je me fais de plus en plus rare.

Vous m'en voyez véritablement désolée.

09 avril 2008

Les chaînes d'Eymerich

par Valerio Evangelisti


Un policier scientifico-historico-fantastique façon avec des recoupements à n'en plus finir et de la science de pacotille. Cela faisait longtemps qu'un livre m'avait fait faire des cauchemars, mais je l'ai terminé quand même parce que je voulais savoir la fin.


Rien de transcendant, vraiment.

08 avril 2008

Résumé

C’est l’histoire d’une fille qui se promène dans son jardin. Elle y rencontre 30 (!!) gars, le plus jeune se met à chanter. Séduite, elle le suit dans son bateau où elle se met soudainement à pleurer, car elle a échappé sa bague dans l’eau. Le jeune frimeur plonge pour récupérer le trésor et il se noie.

Ça s’appelle ‘Isabeau’ et je la chante (presque) tous les soirs à ma fille. Ma mère aussi me la chantait. Elle vraiment ennuyante et monotone, mais elle est efficace pour atteindre l’objectif visé : endormir la plus petite de l’équipe. Ça m’arrive aussi de m’endormir en chemin. Quand je suis vraiment fatiguée, ou pas tant que ça. Hum. Je m’égare.

Donc, quand on y pense bien, ce n’est pas très sain cette histoire de jeune fille qui suit le premier venu qui chante fleurette. Est-ce grave monsieur le psychanalyste ?

07 avril 2008

La vérité

« Va prendre ton café. Là, tu comprends rien. »

05 avril 2008

Djigaloo

J'aurais besoin d'une canne de Djigaloo – je n’ai aucune idée de comment ça s'écrit en fait, mais ça se prononce comme ça, sérieusement. Et ce n'est pas un surnom, c'est le nom de la marque. La première fois que mon quincaillier m’a parlé de ça, j’ai pensé qu’il riait de moi. Mais il m’a converti et le Djigaloo a pris sa place à côté du duct tape dans les éléments essentiels à conserver dans une boîte à outils.

C'est merveilleux le Djigaloo, ça huile tous les mécanismes récalcitrants à la perfection. Au chalet de ma mère, ça lutte sans relâche contre les effets corrosifs du sel marin. C'est super efficace sur les roues de poussette. Avec le sable ici, ce ne serait pas du luxe, promis.

Tous les matins, quand je débarre le portail et que je me bats avec la clé, je me dis qu'une canne serait la bienvenue. Plusieurs fois par semaine, je tombe sur des objets qui bénéficieraient d’un peu de lubrifiant magique. Et je pense avec nostalgie à la petite canne orange et noir look année 60.

7 mois et c’est bon, je pourrai attaquer mon futur appartement avec le Djigaloo et je ne laisserai aucun mécanisme me résister. Gnak gnak gnak.

04 avril 2008

Impatience

Quand on croise une moto qui double une voiture, qui double une moto, qui double un vélo, qui double une charette, il y en a forcément quelques-uns dans la voie qui rencontre. Et celui qui doit freiner n'est pas légalement concerné par la situation, il est entravé par l'impatience des autres.

Le plus surprenant, une fois de plus, c'est que les accidents ne soient pas plus fréquents.

03 avril 2008

Plaisir éphémère

J'aime bien le moment où je m'assois dans un véhicule chauffé au soleil. Je trouve que la chaleur du siège dans le dos détend, avec la chaleur ambiante, ça fait un peu sauna.

Mais ça dure au plus 30 secondes, après c'est l'horreur.

02 avril 2008

Une occasion en or

Je reviens du marché de Katako, le plus grand marché de Niamey. Dans le cadre de notre projet sur la gestion des déchets, nous sommes allés visiter les recycleurs et les artisans du marché avec des consultants. Une occasion comme on en trouve peu. Cette ville dans la ville, je n'oserais jamais m'y promener toute seule. C'est un dédale impossible dont je ne saurais jamais ressortir. Et puis, c'est un monde inconnu pour moi, dont je ne maîtrise absolument pas les codes.

Et je suis étrangère.
Et je suis blanche.

Autant dire que je n'y ai pas ma place.

Mais cet après-midi, non seulement j'y ai circulé sans problème, mais j'ai pu prendre des photos sans soucis.

Je vous prépare quelque chose, laissez-moi seulement le temps de décharger ma caméra et de me trouver un petit moment pour vous faire mon reportage photo.

C'était vraiment unique. C'est là, dans la vraie vie, que je veux être. Pas dans mon bureau climatisé à écrire des rapports et des demandes de subvention.

Je crois vraiment que je vais devoir changer de branche à un moment donné.

01 avril 2008

Manger

Ce qui me dérange, ce n'est pas tant l'acte de cuisiner que de devoir trouver des idées de repas tous les jours.