05 juin 2007

Comment? t'es pas en brousse?

Et merde! Cet imbécile de phallocrate paranoïde frappe encore. Je pensais avoir obtenu son accord de principe pour les déplacements (voiture et chauffeur fournis par le partenaire, carburant fourni par la coopération), entente qui convenait à tous la semaine dernière. Je l'avais avisé de mes prochaines dates de déplacement, de mon besoin d'accompagnement et des objectifs de la mission. Je ne pensais pas avoir à retourner les voir (en plus mon bolide est brisé, un cardan qui m'a lâchement abandonné) pour reconfirmer une fois de plus. Il me semblait que le travail que je comptais faire correspondait exactement à mon mandat, donc aux besoins exprimés par le partenaire. J'avais même pris la peine clarifier certains points, question d'être sûre d'avoir l'approbation du président sur ma démarche.

Quelle naïveté!

J'ai commis une seule erreur. J'ai encore une fois eu confiance. Je me suis dit c'est bon, ça débloque, ça va bouger, ça fait l'affaire de tous, on ne mettra plus de bâtons dans les roues. C'était bien mal connaître l'ennemi, sous-estimer grandement son besoin de contrôle absolu et sa capacité phénoménale à emmerder ces pauvres gens qui cherchent à travailler pour le bien de son organisation.

C'est donc hier soir, vers 18h30, au moment où je m'apprêtais à aller coucher un bébé propre, repu et épuisé, que tombe le verdict. "On doit annuler les missions de mardi et mercredi, parce qu'il y a une formation les mercredi et jeudi." Bon, va pour le mercredi, mon chauffeur/traducteur fait soudainement partie de la formation. Mais mardi? On peut y aller mardi, non? Non. Il faut envoyer la voiture de l'organisation au garage de toute urgence. Voilà près de deux semaines que la mission est planifiée. Pendant tout ce temps ce temps, la ***dite bagnole accumule allègrement la poussière, mais c'est ce mardi, sans aucune négociation possible, qu'elle doit aller au garage. On ne sait pas qui va payer le garage d'ailleurs, dans les premiers mois de mon mandat, cette bestiole ne pouvait pas m'amener sur le terrain, vu son état avancé de décrépitude. État qui avait soudainement pu la semaine dernière être suffisant pour les déplacements somme toute limités impliqués par mes missions.

J'aurais du me méfier. La mauvaise volonté n'a pas de limites.

Et puis, même si c'est un con fini, il n'est pas bête, pas bête du tout. Il n'a pas simplement dit non, ça aurait été trop évident, ça aurait signé la fin de partenariat. Non, cet homme est un emmerdeur d'expérience. Il a des alibis. Improvisés, certes, limite broches à foin, puisqu'à 9h du matin, ces alibis n'existaient pas. Mais ils sont là. Moi qui ne suit pas une calculatrice professionnelle, je ne sais pas comment prouver sa mauvaise foi, sinon que je sais! Mais ça ne tiendra pas la route face à tous ces gens qu'il a mielleusement séduit. Il est plus crédible que moi, c'est un fait avéré, mieux ancré dans ce milieu qui est le sien. C'est moi qui passerai pour une hystérique si je claque la porte maintenant.

Dire que ça commençait à me plaire ce boulot, que d'illusions!

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Ce que je n'ai pas encore dit, c'est que cela m'a obligé à manquer à ma parole auprès des paysans, chose à ne pas faire, surtout pas au début d'une coopération. Ça ruine ma crédibilité (ce n'est sûrement pas innocent de sa part...). Et puis, manquer à ma parole, moi, je n'aime définitivement pas ça.

4 commentaires:

  1. Anonyme12:46 p.m.

    Les paysans vont te pardonner, tu ne crois pas? Tu te reprendras très vite et avec beaucoup de talent. Bonne chance.

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  2. Anonyme7:16 p.m.

    consoles-toi les emmerdeurs ne sont pas tous à Niamey. Il y en a aussi pas très loin d'ici et ma foi on dirait qu'ils prennent plaisir à faire foirer les choses. Mais qu'ils se le tiennent pour dit ils n'auront pas le dernier mot et surtout ils sont repérés assez vite et leurs manigances ne dupent que très rarement ceux qui ont de bonnes intentions et sont vigilants.

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  3. Ils me pardonneront. Mais il ne faudra plus que ça se répète. Pour améliorer les relations, je vais probablement amener du thé et du sucre aux prochaines rencontres (la semaine prochaine si tout va bien). C'est toujours une bonne façon de casser la glace. Je pensais attendre une réunion de plus, mais vu les circonstances, je crois que ça s'impose dès maintenant.

    Remarquez, il a plu cette nuit, et c'est la saison des semailles. Les rendez-vous du mercredi auraient probablement été annulés de toute façon.

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