30 novembre 2007

Questionnement

Est-ce qu'il y a vraiment des gens qui lisent The Economist d'un couvert à l'autre à chaque semaine?

Je connais des dizaines de mensuels qui ont moins de contenu. Je me demande quelle est la taille de leur équipe si l'on inclut leurs 21 bureaux éditoriaux sur le globe?




________
J'ai passé trois jours en brousse cette semaine et je n'avais pas tant de travail. J'ai donc une douzaine de billets qui n'attendent qu'à être tapés. Le premier dès lundi!

28 novembre 2007

Inspiration artistique

Dali est venu en Afrique. C'est évident.

27 novembre 2007

Les mouches

Tu ouvres la porte, puis la fenêtre, pour avoir un peu de lumière.

Une première mouche vient se poser.

Tu t’étends deux minutes, tu fermes vaguement les yeux, en attendant que le repas soit prêt.

Ses amies viennent la rejoindre.

Tu sors manger et prendre le thé.

Elles sont maintenant une vingtaine.

Tu t’étends une fois de plus, tu espères vaguement dormir, en attendant le prochain rendez-vous avec les femmes, après la prière de 16h.

Elles sont tellement nombreuses que tu les entends. Elles viennent se poser sur tes pieds, sur tes bras, sur ton visage. Elles te gardent toujours à la frontière entre la veille et le sommeil.

L’heure arrive, tu fermes la fenêtre, puis la porte.

Elles ont déjà disparu.

26 novembre 2007

Dépendance

Je suis incapable de passer une journée efficace sans caféine.
J’aime trop le café pour boire du café soluble.
L’eau bouillie sur le bois donne un goût de fumée désagréable à ma poche de thé.

Heureusement, les chauffeurs sont souvent des touaregs, nomades jusque dans la modernité. Il y en a toujours un qui pose le thé du lever au coucher du soleil, et même au-delà. Il suffit de mentionner à partir de quel thé on est preneur et l’on se retrouve inondé d’une boisson chaude, forte, sucrée et délicieuse.

Personnellement, si je veux suivre le rythme sans trembler comme une feuille, si je veux éviter le mal de tête, mais dormir la nuit, je me contente des deuxièmes et troisièmes thés. Je laisse le premier aux véritables aguerris.

23 novembre 2007

La notion de temps

La semaine dernière :

- iki!
- Non, cocotte, viens mettre tes souliers tu vas avoir ton biscuit après.
- iki!
- Oui, mais viens mettre tes chaussures avant.
- ikiiiiiiiiii!
- Chaussures. Le biscuit, après.
- ouiiiiiiiiiiiiiiiin! Ikiiiiiiiiii! ouaaaaaaaaa!
- Pfff!


Cette semaine :

- bebon!
- Oui, tu vas avoir ton biberon de jus, mais vient changer de couche avant.
- bebon?
- On change la couche avant; après, le biberon.
- cous!
- Merci ma chérie.

- bebon.
- Voilà!
- ‘ci.

Victoire! Ma fille a enfin saisi ce qu’est une séquence d’événements. Il y a maintenant un avant, un maintenant et un après, encore très limités dans la durée, mais tout de même présents (quand elle le veut bien remarquez). C’est tellement plus facile!

22 novembre 2007

Illogique

La ville a décidé de faire du ménage. Dans tous les marchés, ils ont donc détruit toutes les boutiques qui n'étaient pas construites en 'dur'. Cela fait quelques semaines que ça se poursuit. Ils ont commencé par Katako, puis le grand marché. Le petit marché a suivi. Dans ces grandes institutions, c'est vrai que ça avait un air plus propre. Mais il faut se demander de quoi vivront tous ces gens qui gagnaient leur vie dans ces marchés et qui ont été ruinés du jour au lendemain.

Il y a eu une pause et, depuis hier, c'est reparti de plus belle. Il ont rasé le marché Djamadjé, qui n'avait rien en dur, bien sûr. Des centaines de personnes sur la paille.

Et ce midi, je l'avoue, c'est là que ça m'a jetée par terre, ils ont rasé 'mon' marché. Le marché du Château 1 où je vais faire mes courses tous les jours. Les gens qui regardent leurs boutiques effarés aujourd'hui, ceux-là je les connais. Je les croise, je les salue quotidiennement. Ils essaient toujours de m'en vendre plus, moi je rigole pour n'acheter que ce dont j'ai besoin. On se demande des nouvelles, on discute des enfants, ils saluent la Chipounette qu'ils connaissent tous. Mansour, mon vendeur de journaux; Ada, le vendeur d'artisanat dans sa chaise roulante; Inoussa, chez qui j'achète mon pain; les autres, dont je ne connais pas nécessairement le nom, mais que je salue quand même.

Les bras me sont tombés. Des travailleurs honnêtes, qui vivent de ces commerces depuis des années. Ce n'est pas du ménage qu'ils sont en train de faire, ils sont en train de tuer l'économie marchande de la ville.

Je n'étais pas d'accord dès le début, quand ils se sont attaqués à Katako, le poumon économique de Niamey. Mais j'avoue que ma réaction est plus forte depuis que ça touche mon quotidien. On est toujours plus touché par les événements les plus proches de nous, non?

Je suis à la fois triste, fâchée et un peu gênée cet après-midi. Mais je dois travailler quand même. A demain.

Idé, c'est Sara

- Idé, c’est Sara.
- Ah Sara, bonjour. Ça va?
- Oui, ça va. Et chez toi?
- Alham doulilaï
- Madallah. Je pensais te trouver au siège. Je voulais savoir si on va toujours en brousse le jeudi et vendredi.
- Booooon. Oui oui. Je crois.
- Tu as appelé les coopératives pour les aviser?
- Demain, le soir.
- Tu as besoin de crédits?
- Non non, ça va aller.
- Ok, tu me confirmes tout ça demain alors?
- Oui oui, je t’appelle le soir.
- To. Kala suba.
- Kala suba.


- Idé. Tu m’as bipé?
- Oui oui. Sara, ça va?
- Oui, ça va. Et chez toi?
- Alham doulilaï
- To. Je t’écoute.
- Écoute-moi bien.
- Oui oui.
- On a eu les pommes de terre de la ***.
- Ah, c’est bien.
- Oui. Il faut aller demain jusqu’à Bonkoukou pour les porter.
- D’accord. Et pour jeudi et vendredi?
- Tu sais, le président est parti avec le véhicule du *****.
- Ok…
- Et Boukari doit voyager sur Goteye le jeudi.
- Humhum. Tu vas avec lui?
- Bon. Il n’y a pas le choix. Il ne reste que mon véhicule.
- Ah oui, c’est vrai.
- Alors, on fait comment?
- Ben là, on fait comment. On n’a pas trop le choix. On va remettre.
- La semaine prochaine?
- Non, la semaine prochaine, je dois aller en brousse pour *********.
- Ah oui, c’est vrai.
- Je dois parler à Douma pour confirmer, mais en tout cas, ça va aller à dans deux semaines.
- En tout cas.
- Bon, sans soucis. Tu fais bonne route Idé.
- To merci. À bientôt.
- À bientôt.

______________________
Deux fois sur trois. Je ne crois pas que les coopératives me prennent vraiment au sérieux, mais je ne suis pas convaincue que ce soit entièrement de ma faute.

21 novembre 2007

J’ai du mal

J’ai du mal avec l’attitude de certaines personnes de la ville envers les gens de la brousse. Des individus qui ont eu de la chance, qui sont nés au bon endroit, qui ont eu accès à une éducation poussée, à de bonnes conditions de vie, mais qui ont un certain mépris pour les broussards. Forts sympathiques par ailleurs, ils jugent souvent très durement, et toujours ouvertement, des hommes et des femmes qui n’ont pas eu la moindre occasion d’accéder à une éducation de base, dont les ressources sont limitées par leur environnement.

« Ils sont sales. Elles ne connaissent rien. Ils sont stupides. Ils ont des croyances idiotes. Elles ont trop d’enfants. »

Et pourtant, ces broussards, ils sont souvent très brillants. Ils réussissent des miracles avec rien, pour nourrir leurs familles, pour soigner, habiller et parfois même envoyer à l’école leurs enfants. Qu’ils ont nombreux, c’est vrai. Mais rarement par choix.

Et ces personnes de la chance, c’est d’elles dont je dépends pour me traduire ce que ces gens de la misère ont à me dire. Je crois qu’elles font généralement un très bon boulot, mais il y a des moments où je me demande quelle est la part d’interprétation dans leurs traductions. Surtout quand la fatigue commence à s’accumuler.

20 novembre 2007

Confession

J'ai arrêté de fumer il y a plus de deux ans. J'ai fumé ma dernière cigarette à Barcelone, quelques jours avant de savoir que ça concernait aussi quelqu'un d'autre.

Je n'ai jamais été une grosse fumeuse.

Mais

Tous les les jours, j'ai envie d'une cigarette.
Tous les jours, je reprends la décision de ne pas fumer.

Il y a des jours où ça demande plus de volonté.

__________
Je suis un peu débordée, et j'ai oublié mon carnet à la maison, je vous envoie donc des textes que j'ai écrit la semaine précédant mon voyage. Les récits de voyages reprendront sous peu.

19 novembre 2007

road trip

Les bolides:

La route, sur 250 km:
La règle (les traducteurs ne sont pas toujours bilingues):
Le chauffeur:
La vitesse de pointe:
La poussière soulevée:Le paysage:Le trafic:

09 novembre 2007

Petit voyage

Ne me cherchez pas la semaine prochaine. Je pars en brousse pour 5 jours (à moins que le travail ne se fasse plus rapidement). Je laisse ma fille à son père et je m’en vais évaluer les conditions socio-économiques des femmes de Banibangou et Soumatt dans la région de Ouallam, avec la version originale de l’ONG avec laquelle je travaille.

Je reviendrai sûrement avec des photos, des idées, des désillusions, des ambitions et des textes.


A bientôt !

08 novembre 2007

Au grand marché

J'ai été faire un petit tour au grand marché en fin de semaine, question de remplacer le wok dont la poignée a rendu l'âme. J'ai traîné, et surtout utilisé, mon appareil.
Spectaculaire ce couvre poussière: Stationnement de motos:
J'ai beau me creuser la tête, je ne sais pas comment font ceux au centre pour sortir leurs véhicules.
Et quelques scènes dans le quartier des chaussures:

07 novembre 2007

Fille de maraîcher

Intérieur soir.
Une mère qui fait de la soupe et sa fille qui "l'aide".

- Pata!
- Oui, c'est une patate
- Pata.
- Non, ça c'est une tomate ma cocotte.
- Pata?
- Tomate

- Cocon!
- Hum, c'est vrai que ça ressemble à un concombre, mais c'est un zucchini.
- Cocon!
- Zucchini
- Cocon.
- Non, ça c'est même pas proche, c'est une carotte.

- O! Cocon?
- Chou
- Sou
- Ouais bravo, chou!
- Sou. Bavooo!

- Pata?
- Hum, haricot. On est loin de la patate. Tiens, ça c'est une patate.
- Pata.
- Oui, mais évite de la jeter par terre ma chérie s'il-te-plait.

- Pata.
- Tomate
- Pata bobo!
- Non Anoura, vraiment, écrase pas les tomates comme ça! Laisse les tomates tranquilles.
- Pata!

- Pata!
- Non, carotte. Laisse mes légumes sur le comptoir ma fille, sinon on ne mangera pas de soupe ce soir. Et puis on ne mangera pas du tout, parce que c'est ça le menu!
- Cocon!
- Ok, ça suffit, mets tes souliers et va jouer au jardin avec ton papa.
- Chaussu! Papa!
- Meeerci!
- Fofo!

06 novembre 2007

Boro, reporter photographe



Par Frank et Vautrin

La première fois que je suis tombée sur Blèmia Borowicz, c’était dans une bouquinerie jaune plus reconnue pour l’abondance que pour la qualité de sa marchandise. Enceinte jusqu’aux oreilles, je me cherchais une lecture facile, intéressante et abondante afin d’occuper les dernières semaines de ma grossesse et les innombrables heures d’allaitement qui allaient suivre.

Ce qui m’a convaincue de choisir ce livre d’auteurs inconnus au milieu de tous ces livres pour le moins hasardeux, c’est la couverture : si Enki Bilal a accepté d’illustrer la série, ça ne peut pas être mauvais.

Cette écriture à quatre mains relate les aventures rocambolesques et romantiques d’un photographe boiteux, séduisant et frondeur qui parcourt l’Europe des années ’30, armé de son Leica et de son charme indescriptible. Encore plus sexy que Fandorine, Boro nous fait découvrir le continent tel qu’il était à l’avant-guerre. Une interprétation libre d’une époque sombre et mouvementée, une fiction qui met ses personnages au cœur des événements clés de l’histoire, de l’élection d’Hitler aux portes du conflit mondial qui suivra, en passant par les brigades internationales.

05 novembre 2007

La radio sur le net

Le nombre de radios sur le net est pratiquement illimité.


Je peux écouter Radio Tralala tous les jours si je veux, mais pour être bien honnête, ça ne m'intéresse pas tant que ça. Les nouvelles du pays à longueur de journée, je ne sais même pas si ce serait sain. Et puis, soyons francs, cette radio nationale a une vision assez limitée de ce qui se passe dans le monde, surtout avec les débats actuels sur la pureté de la société. Je n'y suis même pas et ça m'irrite. Plus on est loin, plus ça nous apparaît nombriliste .


Je pourrais écouter rfi, mais ça pas besoin du net, je l'entends sur mon poste radio tous les matins.


En fait, en travaillant, c'est de la musique que je veux, pas du blabla. J'ai été voir du côté des anglais, et je suis tombée sur BBC6. Des nouvelles une fois de temps en temps, très anglaises, mais vu l'accent, si je n'écoute pas bien, je ne comprends rien. Mais la musique, ouuuuu la musique! Que du bon, que des groupes que j'aime, ou que je ne connais pas mais que j'aime quand même. Du bonbon pour les oreilles.

Et pour les pauses, je peux écouter un radio roman inspiré des oeuvres de Douglas Adams sur une autre chaîne de la même 'broadcasting corporation'.

Dans une autre vie, j'étais anglaise, c'est sûr.

02 novembre 2007

Identification de l’interlocuteur

- Moi
- Mua.
- Toi
- Tua.
- C’est bon.

- Moi c’est papa, toi c’est Anoura
- Mua.
- Non, si c’est toi qui le dis, moi c’est toi
- Tua.
- Anoura c’est?
- Tua.
- Non, c’est moi, enfin, si, c’est toi, mais tu dis c’est moi.
- Mua!

- Papa?
- C’est moi!
- Mua!
- Non, toi, enfin, moi quoi!

- Moi c'est comme ça, toi c'est comme ça (en pointant les doigts dans le vide).
- Tua
- Oui, mais en me pointant moi.
- Mua.
- Non

- Mua.
- Oui, c’est ça!
- Mua.
- Non. Oula, ça risque d’être long.

01 novembre 2007

Baptême nigérien

Le baptême nigérien (musulman en fait) a lieu 7 jours après la naissance de l'enfant. Des amis à nous ont eu un garçon il y a peu et le baptême a eu lieu la semaine dernière. Ils viennent tous deux de grandes familles de Niamey, tant dans le nombre que dans la réputation. Les cérémonies chez eux sont donc toujours spectaculaires et très typiques. Encore une fois, j'étais la seule blanche dans le paysage et je ne connaissais personne du côté des femmes, sauf la nouvelle maman, mais elle était pour le moins submergée. Ne sachant plus où me mettre, j'ai laissé ma fille à son père et je me suis réfugiée derrière mon appareil photo. Je n'ai pas utilisé mon flash, afin de ne pas être trop visible, enfin, pas plus que je ne l'étais déjà. Je crois que certaines de ces photos sont quand même intéressantes, même si les survivantes à mes tris drastiques sont peu nombreuses.


Le griot qui compte ses profits (c'est ma préférée):


Le repas qui sera servi après la Fathia (prière qui accompagne le sacrifice du mouton):
Les femmes, dans le salon:
Une petite que tout ce bataclan ne dérangeait pas outre mesure:
Je n'ai pas pu prendre de photos intéressantes de la cérémonie ou des hommes, car je n'ai pas osé me mettre en face du groupe. Mon appareil peut me cacher, mais pas aux foules attentives, quand même.