22 novembre 2007

Illogique

La ville a décidé de faire du ménage. Dans tous les marchés, ils ont donc détruit toutes les boutiques qui n'étaient pas construites en 'dur'. Cela fait quelques semaines que ça se poursuit. Ils ont commencé par Katako, puis le grand marché. Le petit marché a suivi. Dans ces grandes institutions, c'est vrai que ça avait un air plus propre. Mais il faut se demander de quoi vivront tous ces gens qui gagnaient leur vie dans ces marchés et qui ont été ruinés du jour au lendemain.

Il y a eu une pause et, depuis hier, c'est reparti de plus belle. Il ont rasé le marché Djamadjé, qui n'avait rien en dur, bien sûr. Des centaines de personnes sur la paille.

Et ce midi, je l'avoue, c'est là que ça m'a jetée par terre, ils ont rasé 'mon' marché. Le marché du Château 1 où je vais faire mes courses tous les jours. Les gens qui regardent leurs boutiques effarés aujourd'hui, ceux-là je les connais. Je les croise, je les salue quotidiennement. Ils essaient toujours de m'en vendre plus, moi je rigole pour n'acheter que ce dont j'ai besoin. On se demande des nouvelles, on discute des enfants, ils saluent la Chipounette qu'ils connaissent tous. Mansour, mon vendeur de journaux; Ada, le vendeur d'artisanat dans sa chaise roulante; Inoussa, chez qui j'achète mon pain; les autres, dont je ne connais pas nécessairement le nom, mais que je salue quand même.

Les bras me sont tombés. Des travailleurs honnêtes, qui vivent de ces commerces depuis des années. Ce n'est pas du ménage qu'ils sont en train de faire, ils sont en train de tuer l'économie marchande de la ville.

Je n'étais pas d'accord dès le début, quand ils se sont attaqués à Katako, le poumon économique de Niamey. Mais j'avoue que ma réaction est plus forte depuis que ça touche mon quotidien. On est toujours plus touché par les événements les plus proches de nous, non?

Je suis à la fois triste, fâchée et un peu gênée cet après-midi. Mais je dois travailler quand même. A demain.

2 commentaires:

  1. Anonyme10:10 a.m.

    Il semble qu'à Dakar, c'est pareil. À cause d'une rencontre internationale quelconque, j'ai oublié. La francophonie peut-être... Et à Niamey, il y a un événement qui s'en vient? Je suis d'accord avec toi, c'est très choquant. Je sais bien que le petit commerce libre, c'est le moyen de subsistance de plein de gens. Mais est-ce que le gouvernement veut instaurer une taxe spéciale pour les petits commerçants et serait en train de faire table rase pour imposer la nouvelle politique? CE serait tout aussi choquant évidemment.

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  2. En effet, il se passe la même chose à Dakar. Je ne sais pas non plus quelles en sont les causes exactes.

    Ils veulent faire de Niamey une belle ville propre. Il y a peut-être une raison de taxes, mais on ne le sait pas encore. En tout cas, pour le moment, ils n'offrent pas de solution de rechange, si ce n'est au beau marché neuf en périphérie de la ville. Ce qui ne règle rien bien sûr. On ne détruit pas des marchés de quartier pour les installer en banlieu, ça ne peut pas marcher, ça ne répond pas au même besoin.

    En fin de semaine, les marchands étaient de retour, sur des tables temporaires, à offrir leur marchandise au vent et à la poussière, sans mentionner le soleil. La vie continue et les gens s'organisent, parce qu'ils ont encore des bouches à nourrir, tant ici que dans leurs villages.

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