21 novembre 2007

J’ai du mal

J’ai du mal avec l’attitude de certaines personnes de la ville envers les gens de la brousse. Des individus qui ont eu de la chance, qui sont nés au bon endroit, qui ont eu accès à une éducation poussée, à de bonnes conditions de vie, mais qui ont un certain mépris pour les broussards. Forts sympathiques par ailleurs, ils jugent souvent très durement, et toujours ouvertement, des hommes et des femmes qui n’ont pas eu la moindre occasion d’accéder à une éducation de base, dont les ressources sont limitées par leur environnement.

« Ils sont sales. Elles ne connaissent rien. Ils sont stupides. Ils ont des croyances idiotes. Elles ont trop d’enfants. »

Et pourtant, ces broussards, ils sont souvent très brillants. Ils réussissent des miracles avec rien, pour nourrir leurs familles, pour soigner, habiller et parfois même envoyer à l’école leurs enfants. Qu’ils ont nombreux, c’est vrai. Mais rarement par choix.

Et ces personnes de la chance, c’est d’elles dont je dépends pour me traduire ce que ces gens de la misère ont à me dire. Je crois qu’elles font généralement un très bon boulot, mais il y a des moments où je me demande quelle est la part d’interprétation dans leurs traductions. Surtout quand la fatigue commence à s’accumuler.

2 commentaires:

  1. Anonyme10:27 a.m.

    Mise en abîme : ici, "nous" avons parfois le mépris des "enracinés" à l'égard des nouveaux arrivants qui sont souvent "ceux" de la chance chez vous. Et pourtant, on ne choisit pas les trottoirs de Montréal ou ceux de Manille ou encore les chemins de brousse pour apprendre à marcher... On ne choisit rien de rien, le hasard des naissances distribue les humains très inégalement. Exercice : et si j'étais une autre que moi, née ailleurs...

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  2. Cette réflexion, je me la fais presque quotidiennement. Et mes retours de brousses sont toujours difficiles, le sort des autres, surtout des femmes, me bouleversant pendant quelques jours. Mais on revient toujours au quotidien et pour continuer il faut parfois savoir oublier. Jusqu'au prochain gamin qui vous regardera et qui vous déchirera le coeur.

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