21 décembre 2006

Je vous présente ma poubelle

À première vue, rien de vraiment nouveau : un contenant de métal peint avec un numéro de téléphone dessus, des trous pour laisser s’écouler l’eau pendant la saison des pluies, peut-être même une certaine élégance puisqu’elle s’harmonise avec les couleurs de mon portail (tout à fait fortuit).

Ce qu’il y a d’extraordinaire avec ce contenant à déchet, c’est que trois fois par semaine, quelqu’un vient le vider! Et oui, un gros camion vient ramasser mes déchets et les emmène en dehors de la ville dans un site d’enfouissement. Si ça se trouve, il y en a peut-être même une partie qui est incinérée.

« Ouin, pis? » vous entends-je penser devant votre écran d’ordinateur.

Dans un pays où la gestion des déchets consiste généralement à aller les porter au coin de la rue sur le tas d’immondices qui s’accumulent dangereusement et qu’on brûle une fois de temps en temps (en pleine ville… au coin de votre rue, des déchets qui brûlent, je vous laisse deviner l’odeur et les congestions respiratoires que ça entraîne), cette entreprise privée fait figure de révolutionnaire!

L’entrepreneur (communément appelé par ici l’opérateur économique) qui a eu cette idée de génie a travaillé pendant un certain temps avec un projet de l'ONG pour laquelle je travaille ici à Niamey. En 2004-2005, il travaillait avec un coopérant et la municipalité de Niamey pour tenter d’instaurer un système de récolte et de gestion des déchets solides. Le projet a échoué pour diverses raisons et toute l’idée aurait pu prendre la route des oubliettes. Mais cet homme y a vu une opportunité et il a lancé sa petite entreprise de ramassage des déchets. Bon, je ne comprends toujours pas pourquoi ça s’appelle Presses, mais le principal est qu’il rend un service public inestimable à prix raisonnable.

Pour la modique somme de 7000 francs CFA (17.50$can), vous avez une poubelle installée devant votre concession. Par la suite, il vous en coûte 2000 FCFA (5$can) par mois pour que cette poubelle soit vidée. Ce qui fait un investissement annuel de 24 000 FCFA (60$can) pour que vos déchets soient gérés de façon à assainir la ville.

Bien sûr, ça prend une certaine somme d’argent pour le faire, ce ne sont pas toutes les familles de Niamey qui peuvent ou veulent investir cet argent dans leurs déchets. Mais la possibilité est là, c’est déjà quelque chose, et les gens les plus nantis, qui produisent aussi le plus de déchets, ne se font pas prier pour qu’on les débarrasse sans soucis de leurs immondices.

Les petites poubelles blanches et vertes se multiplient et on voit même apparaître la concurrence…

7 commentaires:

  1. Anonyme8:04 p.m.

    Eh ben! Je racontais justement à quelqu'un aujourd'hui qu'il n'y avait pas de gestion des déchets à Niamey. Il va falloir que je corrige mes informations. J'ai hâte de voir ça. Il tient comment le couvercle? Les chameaux n'essaient pas de les ouvrir ces poubelles pour en éparpiller le contenu partout? Et les autres animaux? Je vois aussi que les poubelles semblent être du matériel de récupération, des bidons de quoi au juste? C'est super. Et vive le micro-crédit! C'est le prix Nobel qui serait content. J'ai oublié son nom. Zut! Quelqu'un le sait? Et il était le prix Nobel de quoi? De la paix? de l'économie?
    Sonia

    RépondreEffacer
  2. J'ai oublié son nom, mais c'est le prix Nobel de la paix et c'est un indien.

    Les chameaux, ce ne sont pas des ratons-laveurs quand même!!! Et puis tu remarqueras que les bidons sont surélevés. Et c'est effectivement recyclé, mais vraiment je ne sais pas ce qu'il y avait dedans au départ. Mais probablement de l'huile de palme. D'ailleurs il y a pénurie de bidons à recycler à cause de cette initiative....

    RépondreEffacer
  3. Vraiment cool ça!

    Hey il parait qu'il ne fait pas trop chaud encore à ce temps ci de l'année?

    As-tu vu Aldo récemment?

    Salue Al de ma part!

    Ray

    RépondreEffacer
  4. Anonyme11:35 a.m.

    merci pour le reportage poubelle
    M'autorises-tu à le rendre public
    J'ai beaucoup d'ami(e)s dans les poubelles (façon de parler bien sûr)
    J'aimerais savoir comment est le camion qui recueilles ces détritus...si le cueilleur à des gants et une formation pour éviter de se blesser...ce doit être lourd ce bidon de métal....à quand les sacs de platiques recyclé en bac plus léger...il y a tant de choss à faire dans ce domaine même ici on peut apprendre de cette petite entreprise puisque toutes les questions de la gestion des déchets devraient nous concerner. Une fois à la rue la plupart des gens considèrent que ça ne leur appartient plus (loin des yeux loin du coeur) merci
    Joceline( spécialiste de la poubelle des parcs et autres)

    RépondreEffacer
  5. Monsieur Raymond: Non je n'ai pas vu Aldo, je ne sais pas comment le rejoindre, il a encore perdu son téléphone. Et puis je ne sors pas trop trop souvent.

    Joceline: Hum, des questions pointues!

    Alors, oui, bien sûr, tu peux rendre mon texte public, puisqu'il l'est déjà, mais n'oublie pas les sources!

    Quant à savoir quelles sont les conditions de travail... Le camion est un bon vieux pick up avec des montants en bois comme dans les films. Les deux gars montent et descendent de la boite du camion entre les zones. Ils sont engagés sur leur taille je crois. Il y a là le plus grand homme que je n'ai jamais vu, son acolyte a l'air petit, mais il doit faire la taille de Marc! Les deux grands gars, donc, soulèvent les poubelles à bout de bras (à deux)pour les vider dans le pick up. Ils ont des gants et des bottes (je crois, c'est à confirmer, je vérifie s'il ne sont pas en flipflop dès que je les revois), ce qui constitue déjà d'excellentes conditions de travail dans un pays où les charettes asines ont tendance à être tirés par des hommes.

    Et je me confesse, depuis que j'ai réglé la gestion de mes poubelles, j'ai la conscience plus tranquille quant à leur destination...

    RépondreEffacer
  6. Anonyme8:02 a.m.

    J'ai lu quelque part que le Niger ne fabrique plus de tissu-pagne ou n'en imprime plus. C'est vrai ça?
    Et pourquoi ne fournirait-on pas plein de petites bombones de gaz-propane au Niger et ailleurs en Afrique pour remplacer la cuisson sur bois ou sur charbon de bois? Ce ne serait pas un progrès énorme pour l'environnement ça?

    RépondreEffacer
  7. Le Niger imprime toujours des pagnes, mais l'entreprise est une propriete chinoise.

    Le gaz, personne ne distribue ca gratuitement... Deja distribuer les bonbonnes vides ca serait une idee, mais les gens preferent payer 200 f de bois par jour que 8500 f aux 2-3 mois... Budget a court terme.

    RépondreEffacer