26 octobre 2008

Define: retour

Partir et rentrer, c'est un peu la même chose. Surtout lorsque le départ se faisait vers un endroit déjà connu, vers une maison connue, vers un conjoint, vers un boulot sûr. Il y a plein d'inconnus et d'au revoirs dans un départ, mais dans mon cas actuel, le retour est beaucoup plus incertain.

Oui, j'ai un appart, mais il est vide et personne ne va le préparer pour mon arrivée. Oui, j'ai un boulot, j'ai aussi une entrevue, mais je n'ai pas de garderie, d'horaire, je n'arrive pas à avoir de certitude. Oui, je sais que mon conjoint arrivera sous peu (aussi peu que possible s'il vous plaît, monsieur l'agent d'immigration), mais il n'est pas là pour m'aider, là, maintenant où tout est un chaos absolu. Il n'est pas là non plus pour border sa fille le soir et lui dire que ça va aller, qu'on va avoir une maison à nous bientôt et qu’il est là pour elle. Et ça le fait ch... encore plus que moi.

Bien sûr je retrouve famille et amis, mais c'est ma vie qui est en suspens, pas la leur. Ils ont une routine qu'ils doivent respecter. Certains sont plus ouverts que d'autres, plus compréhensifs pour le capharnaüm dans lequel je suis, pour les paroles que j'ai du mal à donner, pour les engagements que j'essaie de prendre mais que j'ai toujours peur de ne pas pouvoir respecter. J'ai de la chance, je suis bien entourée et les gens sont patients. C'est tout ce que je demande au fond de la patience, le reste viendra.

Revenir, après deux ans de quotidien dans un monde complètement différent, si ce n'est qu'il est aussi peuplé d'êtres humains, c'est retrouver des habitudes et des écueils un peu oubliés. C'est génial de se servir de l'argent plastique et de ne pas avoir à se promener avec des grosses sommes de liquide sur soi, mais c'est plus facile de dépasser son budget. C'est excellent la bouffe qu'on n'a pas mangée depuis trop longtemps (hummmmm, saumoooon), mais c'est facile de trop manger par gourmandise. C’est tentant de décrocher et de prendre un break, mais il faut être véritablement installée avant. Et mettre du pain sur la table.

Et puis, il faut aussi préparer l'arrivée de mon chéri. J'aimerais ça qu'il soit déjà là, mais je suis aussi contente de pouvoir préparer un peu son arrivée, comme il l'a fait pour moi quand je suis retournée à Niamey. Il n'a jamais mis les pieds de ce côté-ci de l'Atlantique, il arrivera en début d'hiver, le pire moment pour rencontrer ce pays. Je veux faire en sorte qu'il trouve un environnement le plus confortable possible. Il faut que je lui achète des bas de laine, que je repère les endroits où il pourra se choisir des vêtements chauds à son goût, que j'aie un minimum vital pour lui lors de son arrivée. Je ne sais pas si notre appart sera froid ou pas. Moi-même, qui suis d'ici, je trouve ça dur d'avoir froid alors que je suis à l'intérieur. Je prends du temps à retrouver mes réflexes, c'est bon que je les reprenne avant son arrivée, ça sera plus facile de les lui expliquer.

J’ai l’impression d’être rentrée depuis des mois. Et hier matin.

6 commentaires:

  1. Anonyme4:36 a.m.

    Sara, bravo pour ces mots si justes, qui décrivent si bien le sentiment de déracinement...

    Bon courage, tu vas y arriver, vous allez y arriver.

    Et la Chipounette sera votre meilleure ambassadrice et coach : je suis certaine que vous pourrez compter sur ses merveilleuses capacités d'adaptation d'enfant ! Tant qu'elle vous sentira aimants, elle sera bien !

    Sara-k

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  2. Anonyme9:21 a.m.

    Belle Sara,
    J'aimerais etre la pour discuter de tout ca autour dune biere en evitant les moustiques...ah non je me trompe ce n'est plus Niamey
    Alors j'aimerais etre la pur discuter de tout ca autour dune biere en evitant de geler!!

    j'ai hate de te revoir!
    meli

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  3. Courage Sara, tu as survecu a d'autres deracinements, tu survivras a celui la. Accroche-toi aux valeurs sur, Choupinette, famille amis et le reste suivra.

    Plein de gros becs

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  4. Merci les filles.

    Ça se place tranquillement, mais c'est toujours dur d'expliquer à sa fille qu'on ne peut pas rentrer à la maison, que c'est ici la maison et qu'on ne va pas reprendre l'avion. J'imagine que ce sera plus facile à expliquer quand on aura véritablement notre propre maison (bon, appart).

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  5. Anonyme8:00 p.m.

    Je comprend ce que tu ressens, moi qui suis un peu beaucoup nomade depuis la naissance euh... du chipounet ? Ce que j'aimerais être à Mourial pour t'aider à préparer ton nid (et le mien) !

    Julie

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  6. Julie, s'il-te-plaît, dis moi que tu reviens à Mourial, je m'ennuie!

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