Quand je vais reconduire ou chercher la Chipounette à la garderie, idéalement, j’ai au moins un dollar dans mes poches. C'est mon budget culturel quotidien. Parce qu'on ne sait jamais sur qui on va tomber à la station Jean-Talon.
Il y a le gars qui chante toujours plus ou moins 'I will always love you' sans connaître les paroles et qui est assez difficile à entendre. Il y a la petite vieille qui joue de l'accordéon avec un grand sourire, mais sans aucun talent. Il y a le vieux qui fait à peu près la même chose, mais qui au moins sait jouer quelques airs. Il y a aussi les Krishna - le blanc et le noir - qui ont l'air de penser qu'ils pourraient vraiment convaincre quelqu'un. Ceux-là, et les autres qui sont moins réguliers, on ne leur donne pas notre budget culturel. On essaye de passer vite. Il y a longtemps que j'ai cessé de donner par pitié. La pitié, ça pue.
Non.
Le budget culturel sert aux événements culturels. Le trio de musique de chambre. Le joueur de violoncelle. Les deux joueurs de violoncelle. Le jeune accordéoniste qui s'assoit par terre avec un sourire un peu atteint, mais qui joue vraiment bien. Le guitariste et la violoniste qui donnent un bon show. J'en soupçonne plusieurs d'étudier au conservatoire ou dans un programme de musique à l'université. Ils sont bons, ils sont là et ils méritent leur salaire, comme tout événement culturel qui se respecte.
On prend le temps de s'arrêter. D'écouter une chanson. D'expliquer les instruments. De répondre aux questions que la Chipounette ne manque pas de poser.
Pigiste et indépendante, ça a aussi des avantages. Celui de pouvoir prendre son temps quand ça en vaut la peine en est un qui vaut de l'or.
Salut Sara (sans le "h" contrairement à la dernière fois, lol),
RépondreEffacerJuste pour te dire que je consulte régulièrement ton blog. Même si j'y laisse pas souvent de commentaires, j'aime souvent y venir et c'est toujours un plaisir de te lire. Très appliquée dans ton écriture,beaucoup d'imagination, jamais de fautes d'orthographe, bref de grands talents rédactionnels! (t'es-tu déjà essayée à l'écriture? d'un roman j'entends par exemple; tu ne devrais pas avoir de difficultés à trouver un éditeur....).
Voilà, c'est pour te dire de ne surtout pas arrêter d'alimenter ton blog, moi et certainement beaucoup d'autres ne manquerons pas de venir y flâner!
PS: Et puis il n'est pas impossible qu'un jour on se rencontre dans le métro, suis pas très loin de la station Jean-Talon.
M., Nigérien de Montréal.
La pitié pue? Non, elle tue. Ou peut le faire. J'ai lu Stefan Zweig dernièrement : La pitié dangereuse. Pas mal comme analyse des ressorts, conséquences et réactions à la pitié.
RépondreEffacerTiens, c'est pareil pour moi. Donne toujous un petit quelque chose mais uniquement à ceux qui le mérite.
RépondreEffacerLa Suissesse (qui part dans 3 semaines à Abidjan et qui se réjouis)
Maman, tu as encore ce livre? Je peux te l'emprunter?
RépondreEffacerM: Merci du compliment. Ma correctrice officielle te dirait que je fais encore des fautes, surtout dans mes commentaires, et que ce n'est pas sérieux à mon âge - je te laisse deviner qui c'est. Elle me corrige après publication ce qui est parfois un peu honteux - pour moi s'entend.
Mais disons que tu mets ici le doigt sur une envie d'écriture qui ne sait pas comment prendre forme.
la Suissesse: Bon voyage! Et profites-en bien. On peut suivre tes péripéties quelques part?
RépondreEffacerJe l'avais emprunté à la bibliothèque de l'Université. C'est sûrement disponible dans une bibliothèque près de chez vous ou à la Grande Bibliothèque. Il faut t'abonner. C'est étonnant tout l'argent qu'on sauve. Et si on aime vraiment un livre et qu'on veut le conserver, on peut toujours l'acheter dans une librairie après l'avoir lu.
RépondreEffacery a t'il un livre sur le mérite?
RépondreEffacerJe ne sais pas moi si la petite dame à l'accordéon fait pitié...elle ose quand même...c'est déjà quelque chose. Et si on n'a pas eu la chance d'aller au conservatoir de musique? Ce sont moi aussi des choses sur lesquellles je médite devant celui ou celle qui tente d'offrir quelque chose en échange d'un peu de sous dans le métro ou ailleurs. Je n'ai pas encore trouvé et ce qui me motive à donner peut varier. Mais j'aime bien l'idée d'avoir un dollar pour le culturel comme tu dis.
joceline
Mon critère est simple: est-ce que je voudrais à la place de la personne qui est là? Est-ce que j'aurais honte? Est-ce que je me sens mal de la voir là? Est-ce que mon premier réflexe c'est de détourner le regard? Si oui, je garde mon budget culturel, parce que c'est de la pitié.
RépondreEffacerLa question est peut-être bénigne ici, mais pour survivre émotivement sous d'autres cieux, on apprend vite, et sans compromis.
Je ne crois pas que tous les musiciens à qui je donne mon budget sont au conservatoire. Le talent est parfois inné, mais il prend en général beaucoup de travail et d'entretien. Les gens qui y consacrent la majorité de leur temps ont plus de chance d'être bons, non?