Je sais que je reviens souvent sur la chaleur ces temps-ci, mais elle est définitivement une part importante du quotidien de toute personne vivant au Niger à cette époque de l’année. Et n’allez pas penser que c’est mon statut d’étrangère qui m’y rend intolérante. Le Nigérien moyen aussi a chaud. C’est même le principal sujet de discussion de la saison. Un peu comme la quantité de neige tombée de l’autre côté de l’océan.
Après cette discussion un peu défensive, j’en arrive à mon sujet du jour : les livres. Eh oui. Les livres aussi ont chaud. Les livres de bonne qualité résistent plutôt bien à l’assaut, mais les publications plus sommaires y laissent énormément de plumes. Les pages se décollent dès qu’on ose les tourner, quand ce ne sont pas les couvertures elles-mêmes qui abandonnent le combat.
La différence entre les deux ? Cousus de fil blanc. Les livres cousus résistent à tout. La colle qui les lie subit le même sort que chez les autres, mais le fil blanc, qui attache les cahiers entre eux et forme la tranche, tient le fort.
La colle, maltraitée déjà par la lecture, ne peut supporter la chaleur qui la fait vieillir prématurément. Desséchée, jaunie, craquelée, torturée, elle fait ce qu’elle peut, mais laisse s‘échapper inexorablement les feuilles qu’elle devait discipliner. Le lecteur attentif tente de minimiser les dégâts par des manœuvres délicates et une boîte d’élastiques, mais c’est une bataille perdue d’avance.
Heureusement que les livres pour enfants, dont on planifie dès la conception les combats ardus qu’ils auront à affronter, sont généralement cousus. Parce que vu la manipulation agressive dont ils sont les victimes dans cette maison, le nombre de survivants serait d’autant plus réduit. Ceux qui restent sont des vétérans.
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