12 décembre 2007

La case de santé de Banibangou



Banibangou, où je suis allée il y a maintenant plus de trois semaines, est à mi-chemin entre la petite ville et le village. Disons qu’il y a un certain nombre de services qui en font un centre relativement important dans la région. Il y a une mairie, un forage, des tours téléphoniques (j’y reviendrai) et un centre de santé.

Au Centre de santé intégré (CSI), on retrouve un infirmier agrégé (l’homme de la photo), un infirmier auxiliaire, une matrone, une aide-soignante, un laborantin et un ambulancier (mais pas d’ambulance, brisée depuis plusieurs mois). Pas de médecin, pas de sage-femme. Banibangou a une population de plus de 6 000 habitants et, dans le rayon de 40 km que dessert le CSI, on compte environ 26 000 personnes. En plus du CSI, on retrouve dans ce périmètre 3 cases de santé affiliées, plus petites, moins équipées, tant en matériel qu’en personnel.

Au CSI, on traite principalement les cas de paludisme, simples et aggravés, les diarrhées, les affections cutanées (appellation très large et probablement très vague pour tous les principaux concernés), les maladies respiratoires et les petites blessures. On peut également y avoir un suivi de grossesse et y accoucher. Tout cas avec complications doit être évacué sur Ouallam (3h de route avec un bon véhicule et un bon chauffeur) ou vers Niamey (4h de route dans les mêmes conditions). L’ambulance étant immobilisée depuis plusieurs mois, les évacuations dépendent du bon vouloir des rares propriétaires de véhicules au village.

Toutes ces maladies affectent principalement les enfants de 0 à 5 ans. Depuis le début du mois de mai de cette année, les soins aux enfants de moins de 5 ans, les suivis de grossesse, les accouchements et la planification familiale sont gratuits. Le nombre de consultations a grimpé en flèche. En théorie, le CSI doit se faire rembourser les coûts par l’État. Ce serait parfait si ça fonctionnait. En effet, depuis le début du programme, le gouvernement n’a pas décaissé un franc pour rembourser les médicaments.

Le CSI, celui-ci, mais aussi tous les autres du pays, entrevoit la faillite à court terme. Les frais chargés aux patients payants – 800 francs par consultation, y compris les traitements – moins nombreux, ne couvrent pas les coûts des médicaments pour toute la population : les stocks diminuent rapidement.
Les services de santé gratuits pour les tranches les plus vulnérables de la population, c’est important. Mais gérés de cette façon, ça ressemble étrangement à une décision électorale à courte vue.

2 commentaires:

  1. Anonyme2:40 p.m.

    Qui sont les matrones et que font-elles?

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  2. Une matrone, ce n'est pas exactement une sage-femme, parce qu'elle n'a pas la formation complète de celle-ci, mais c'est quand même une femme qui s'occupe des accouchements et des nouveaux nés.

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