25 mars 2008

Les pieds sahéliens

J’ai les pieds sahéliens, ma fille aussi. Mon chéri, on n’en parle même pas.

Passer l’année en tapettes les pieds dans le sable, ça vous paraît un rêve, vous qui êtes justement aux prises avec ces grandes mares d’eau brune qui ne gèlent pas à cause de la concentration trop élevée de calcium sur les routes? Mais vos pieds, eux, sont contents. Les bottes et les souliers fermés qui vous ralentissent tous les matins protègent vos pieds des agressions de l’environnement.

Ici, foin de protection. Des souliers fermés, c’est de la torture. Certains y arrivent, mais, moi, je suis incapable de tolérer ces étuis où mes pieds macèrent dans la sueur. Donc, j’ai une jolie collection de tapettes pour toutes les occasions. Seulement, voilà, les tapettes ne protègent que la plante de vos pieds. Et encore, seulement des agressions directes. Le sable, la chaleur, le soleil, le vent et la poussière s’acharnent sur vos pauvres petits petons et font se dessécher toutes les parties exposées. La corne se crée à une vitesse foudroyante pour tenter de remédier à la situation. J’ai de la corne même sur le dessus des pieds, oui oui. La peau est parcheminée et la sensation de la poussière et du sable sous les pieds m’a toujours fait grincer des dents.


Et on frotte et on crème et on bichonne et on essaie de garder ça à peu près présentable. Mais c’est un combat désespéré, que la plupart des Sahéliens ne tentent même pas. Après tout, la corne protège.

3 commentaires:

  1. Anonyme8:01 p.m.

    Oh! Misère... Oui, je me rappelle mes deux séjours au Niger. En 2005 j'ai porté mes souliers de marche avec des bas jusqu'à Agadez tellement je détestais les effets du sable sur les pieds. En 2007, je suis restée bien tranquille mais même dans la cour et dans la maison on se fait de la corne. Voilà pourquoi je préfère les dunes enneigées qui encerclent à moitié ma maison en ce moment et me donnent l'impression partielle de vivre dans une caverne. Heureux nordiques que nous sommes. Quand je suis tentée de maugréer contre l'hiver qui s'étire, je pense deux secondes à la chaleur suffocante du Sahel et je me tais. Non je ne me tais pas, j'en parle autour de moi et je me dis que regarder fondre la neige bien au chaud dans nos bottes (et j'ai les bottes idéales cette année) c'est une activité contemplative qui va durer longtemps cette année et c'est le bonheur. Le National Geographic du mois d'avril présente un reportage sur le Sahel :
    http://ngm.nationalgeographic.com/2008/04/sahel/paul-salopek-text
    Saviez-vous que l'Afrique sahélienne c'est plus grand que les États-Unis? Allez voir la carte.
    sonia
    Je vous dis, l'hiver c'est le bonheur.

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  2. Anonyme4:43 a.m.

    Enfin, avouer l'inavouable laideur! J'ai bien essayé pommade menthol (non pas dentifrice), beurre de cacao, beurre de karité, beurre de peanut (non je m'égare), mais hélas…secs ils sont et secs ils resteront! Le pire ce sont les ongles qui dépourvu de ne serait-ce qu'une once d'humidité se décollent et tombent. Misère! Mes petits (bon d'accord Grands pieds) se souviennent (oui eux aussi) laconiquement de leur feu vie dans la Caraïbe!

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  3. Ceux qui se détériorent le plus, ce sont définitivement les plus petits. Les ongles de la Chipounette ont l'air centenaires...

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