16 avril 2007

Des légumes en ville.

Voici un extrait de mon rapport sur le maraîchage nigérien. C'est long et un peu technique, bref, c'est une chronique comme j'en ai peu fait depuis mon retour au Niger. Aujourd'hui, je vous renseigne donc un peu sur la production de légumes en ville, plus particulièrement sur les contraintes rencontrées et sur le biais qu'il ne faudrait pas avoir. Si vous avez des commentaires et des questions ne vous gênez surtout pas.

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Au Niger, le maraîchage urbain et péri-urbain est mieux connu et caractérisé que le maraîchage en milieu rural. C’est dans la région immédiate de Niamey que l’on retrouve le plus grand nombre d’études sur la typologie des maraîchers, les chiffres les plus détaillés quant au nombre de producteurs, aux superficies exploitées, aux produits cultivés et à la productivité. La plupart des textes sur la commercialisation groupée des fruits et légumes concernent également les producteurs dans la région immédiate des grands centres urbains.

Les villes représentent bien sûr le marché naturel pour l’écoulement des produits maraîchers ayant une courte durée de conservation. La concentration des consommateurs, leur dépendance face aux régions immédiates pour l’approvisionnement en denrées alimentaires et la facilité d’accès en font des zones phares pour les producteurs maraîchers.

Dans une ville comme Niamey, où la croissance de la population se fait à un rythme accéléré, des conflits existent pour l’occupation des sols. Les zones maraîchères, généralement situées le long du fleuve, mais aussi sur certains cours d’eau secondaires traversant la ville, sont au cœur même de certaines zones de développement immobilier. La valeur des terrains augmente rapidement et l’occupation agricole des terres n’apparaît plus nécessairement comme étant l’utilisation optimale de l’espace. Le gagne-pain de toute une tranche de la population entre en concurrence directe avec le besoin d’espace de cette même population, pourtant dépendante de ce maraîchage urbain. La pérennisation des activités maraîchères de Niamey dépend en grande partie de la sécurisation du foncier. En effet, de nombreux producteurs ne sont que locataires des terres qu’ils cultivent et ce conflit financier entre agriculture et immobilier menace une partie des jardins. L’apport en fruits et légumes de la ville de Niamey étant déjà déficitaire, il est opportun de s’interroger sur la place de l’agriculture au sein même du développement urbain. Certains projets se penchent actuellement sur cette question et cherche à sécuriser l’utilisation des terres par les producteurs maraîchers.

Le maraîchage urbain pose également la question de la qualité des eaux utilisées pour arroser les jardins. Dans certaines sections de la ville, les sources d’eau utilisées sont totalement insalubres, l’eau étant puisée à même des caniveaux et des égouts à ciel ouvert. Cela a un effet tant sur la santé des producteurs eux-mêmes que sur celles des consommateurs finaux.

Malgré ces spécificités du maraîchage de la ville de Niamey, il ne faut pas oublier que la ville n’est ni le seul centre urbain à connaître ces problèmes, ni le principal lieu de la production maraîchère du Niger. La concentration des projets internationaux et des centres de formations dans la capitale (et la limitation du présent état des lieux aux acteurs ayant une représentation à Niamey) entraîne un nombre disproportionné de rapports, d’études et de documents de projets qui peuvent donner une image biaisée de la filière maraîchère. Il est vrai que Niamey est la plus grosse ville du pays, mais il ne faut pas oublier que la plupart des populations se retrouvent en dehors de la communauté urbaine et que les populations les plus vulnérables en terme de sécurité alimentaire (qualité et quantité) restent les populations rurales du pays. Après tout, c’est en zone rurale que les activités agricoles ont débuté au Niger.

Certaines zones propices au maraîchage, comme les dallols ou la vallée de la Maggia – cette dernièere etant située dans une zone souvent déficitaire en céréales, bénéficieraient grandement d’un meilleur appui technique et financier afin d’influencer durablement les activités culturales des populations locales, tant sur le plan de la sécurité alimentaire que sur celui de la stabilisation et de l’augmentation des revenus des ménages.

3 commentaires:

  1. Anonyme12:16 p.m.

    nouvelles en francais sur http://niger1.com/actualitesnigerniameyagadez.html
    mais aussi http://www.niger1.com/livres.htm

    le site WWW.NIGER1.COM
    contact moi a moub21@gmail.com

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  2. Anonyme11:35 a.m.

    salut sara
    Intéressant ce petit topo sur les légumes et leur cousins les fruits en zone urbaine....ici à Montréal les jardins communautaires ont fait leur apparition il y a plus de 10 ou 15 ans je crois. Les problèmes en milieu urbain sont assez particuliers surtout quand les maisons occupent la majorité du territoire. Il y a bien quelques communautés (la plus connue: l'italienne) qui ont toujours réservé une grande parte sinon la majorité de leur petit terrain à la culture de tomates et de raisins courges et autres. De plus en plus on se rend compte que les terrains utilisés pour les jardins communautaires sont contaminés (par quoi? on ne le dit pas). L'an passé, une fois les légumes rendus à maturité, la ville, après quelques tests, a pris la décision de raser complètement le jardin communautaire du parc fullum. Les gens ont perdus leur récolte et leur enthousiasme. Ma copine, une horticultrice qui travaille avec moi,attend toujours de savoir si le sol du jardin qu'elle cultive depuis des années près du jardin botannique, est contaminé ou non.
    Ces contaminations sont souvent liées au fait que les terrains offert aux citoyens pour qu'ils y fassent des jardins, ont servi avant de dépotoires....Voilà ce que j'en sais.
    Personnellement j'ai toujours aimé faire des jardins (il ya de la famille là dedans) mais comme les espaces que je peux occuper ne sont pas clôturés je ne mets que des plantes décoratives et naturellement rafraîchissantes.
    Joceline
    Je t'embrasse et la petite Anoura itou et mes salutations à All.

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  3. Anonyme12:49 p.m.

    cette semaine la ville à condamné 8 jardins communautaires

    Je trouve qu'à l'heure où l'on parle de catastrophes et de problèmes écologiques ce n'est pas bon signe surtout que cette année la ville a aussi fermé les Serres Dupire qui alimentait en annuelles et arbustes toutes les arrondissements de la ville. Non seulement 25 travailleurs ont perdus leur emplois mais nous perdons une grande partie du patrimoine horticole urbain (50 ans de recherche (végétaux, pesticides ect), enseignement et d'expertise) snif...Les journaux n'en n'ont presue pas parlé
    Joceline

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