19 décembre 2014

Rêves arctiques - Barry Lopez

« Au fur et à mesure des progrès de la sismologie [exploitation pétrolière], les mêmes régions sont à nouveau explorées, et le réseau d'empreintes laissées dans la toundra par les trains de tracteurs à pneus cloutés s'étend. La végétation ne repousse pas; le sol compressé ne reprend pas densité d'origine; les pluies de printemps n'effacent pas les traces, elles les accentueraient même: les sols exposés absorbent d'avantage de lumière solaire, et le permagel, en dessous, commence à fondre, si bien que les empreintes s'enfoncent et s'écartent, comme une rigole dans la prairie qui ne serait retenue par aucun réseau de racines. »

Je viens de terminer les 500 pages que compte ce livre. L'intérêt y était parfois inégal - j'ai été plus intéressée par les chapitres sur l'écologie de la région et sur l'histoire des autochtones que ceux des innombrables explorateurs européens - mais Barry Lopez est en amour avec l'arctique et cette passion transparaît dans l'ensemble du livre. Il ne critique finalement que très peu l'industrie pétrolière, mais il laisse entendre que rares sont les gens du sud à comprendre cette région, à l'apprécier et à la respecter dans ce qu'elle a de sauvage et d'incontrôlable. Il n'est pas facile de survivre en arctique, mais ceux qui le veulent doivent le faire en respectant ce et ceux qui s'y trouvent.

Je ne sais pas comment on peut découvrir respectueusement l'arctique, comme il est toujours dur de visiter et de respecter à la fois des régions du monde si étrangères à nos cultures industrielles, mais le livre de Lopez donne envie d'y aller quand même, malgré le froid, malgré les difficultés, malgré la distance. Ou peut-être à cause de tout cela. 


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Si vous l'empruntez dans les bibliothèques de Montréal et que votre copie est tachée de café, désolée! 

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