Le maraîchage nigérien se porte bien. Les obstacles rencontrés par les producteurs sont nombreux et touchent tous les aspects de la culture : disponibilité des semences, des engrais et des pesticides, approvisionnement en eau, organisation de la filière, commercialisation des légumes et des fruits. Il n’est pas un aspect de la production qui n’amène son lot de problèmes, parfois même insolubles.
Et pourtant, les choses vont plutôt bien en cette fin de saison des pluies. En effet, pour la première fois dans l’histoire de la ville, les légumes vendus à Niamey pendant le dernier hivernage ont été en bonne partie produits au Niger. Les habitants ont pu se procurer des légumes frais, en bon état et locaux. Les producteurs qui se sont lancés dans l’aventure de la culture pluvieuse ont eu des revenus intéressants, malgré les investissements nécessaires à la protection des plantes contre les insectes, beaucoup plus abondants lorsque l’eau est accessible.
Bien sûr, tous les légumes consommés en ville n’ont pas été produits ici, les importations de la côte ont continué d’affluer. Et les prix ont quand même grimpé, atteignant jusqu’à 10 fois ceux de la saison froide et ce, pour des légumes de moindre qualité. Mais les premiers légumes à partir étaient ceux produits ici, tant pour la qualité que pour le prix, plus abordable. Pour le ramadan, commencé il y a plus de deux semaines, les prix sont montés en flèche, mais aucune surprise ici. Pendant le carême, le prix des aliments est toujours plus élevé, surtout pour les produits frais. Les gens qui n’ont ni bu ni mangé de la journée ont envie de nourriture de qualité à la rupture. Et les commerçants de tout acabit en profitent.
Pourtant, il s’agit là d’une petite révolution. Une de ces révolutions qui n’ont l’air de rien, qui semblent couler de source, surtout pour l’observateur habitué à des produits de première qualité à tout moment de l’année. Mais c’est un pas de plus vers la souveraineté alimentaire pour le Niger. Pour un pays qui souffre régulièrement de famine, réussir à avoir des légumes en toute saison, c’est important. Le consommateur en profite, car il peut mieux s’alimenter pendant cette période de soudure. Le producteur quant à lui réussit à étaler ses revenus sur toute l’année, permettant éventuellement une meilleure prévision des besoins à venir.
Profitez des bonnes nouvelles, cette semaine, je vous réserve un billet sur les cultures pluviales.
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