25 juillet 2007

La brousse, vraiment, quelle aventure!

Une autre expédition en brousse hier. Encore des aventures rocambolesques. Il doit y avoir une raison. Je suis peut-être filmée à mon insu.

Le départ se fait normalement. Je n’ai oublié que ma caméra, de quoi écrire et une collation. Je règle rapidement le deuxième problème en passant au bureau du partenaire afin de chiper quelques feuilles dans l’imprimante. Je me mords les doigts pour le premier (quoique, la caméra de mamaman en brousse, est-ce un risque que je peux vraiment prendre) et je me mordrai les mêmes doigts pour le dernier, mais plus tard. J’ai quand même de l’eau glacée, une chemise à manches longues, un crayon, mes questions, de la crème solaire, l’argent pour le carburant et de bonnes sandales pour marcher. Ce qui me fait tout de même une bonne moyenne.

C’est un départ, le premier trajet est sans rebondissements, je ne la mentionnerai pas, sauf peut-être pour dire que j’avais mis ma ceinture – on ne m’y prendra pas deux fois.

Premier village, presque tout le monde est parti aux champs. En effet, il a plu dimanche, certains travaux ne peuvent pas attendre. Bon, on fait quoi? On annule? On fait la rencontre avec ceux qui sont là? Soyons réalistes, le seul qui répond généralement aux questions, c’est le président de la coopérative. Il est là, donc on peut faire la rencontre. Un autre avantage du petit nombre, les femmes sont majoritaires, elles sont plus proches, elles entendent ce qui se passe et se risquent même à faire quelques interventions. Madhallah!

Je quitte en leur souhaitant de bonnes pluies pendant mon départ et une bonne récolte. La prochaine rencontre aura lieu… éventuellement. Entre mon retour, les récoltes, le ramadan et le reste, on ne peut rien prévoir pour le moment.

On s’embarque à nouveau dans notre bolide modèle dernière sécheresse et direction notre deuxième rendez-vous. On est déjà un peu en retard, mais, si on fait ça bien, ça ne sera pas dramatique. 10h45, je commence à avoir un petit creux. Mais on espère avoir fini avant 13h, donc je vais patienter.

Vous me voyez venir? En effet, c’est ici que ça se corse.

On prend un mauvais virage. La route habituelle est bloquée et on doit passer plus haut. Mais au lieu de redescendre et de reprendre son chemin, le chauffeur du véhicule décide de continuer tout droit. J’exprime quelques doutes et suggère de revenir sur nos pas pour plus de sécurité. Ça passe dans le beurre, je suis jeune, femme et étrangère, il est vieux, homme et local. C’est perdu d’avance, il ne peut pas avoir tort. Le chauffeur, fort sympathique par ailleurs et excellent traducteur, décide de demander son chemin à un vieux sur la route. Encore un qui ne semble pas avoir la pleine jouissance de ses capacités auditives. Selon cet acolyte, paraît-il qu’on va y arriver si on continue tout droit. Hum. Tout droit. Les deux mots dont il faut se méfier quand on a perdu son chemin dans la brousse africaine. D’abord, les pistes ne vont jamais ‘tout droit’ et puis certains embranchements ne présentent définitivement pas l’option ‘tout droit’. M’enfin.

J’ai la nette impression que notre village cible se trouve sur notre droite et que le véhicule persiste à aller vers la gauche. J’exprime une fois de plus certains doutes. À noter ici que j’ai le sens de l’orientation d’une moule, si on assume que la moule, ne se déplaçant que très peu au cours de son existence, n’est que peu ou pas pourvu de ce sens de la perception spatiale. Donc, je n’insiste pas. Mais le sentiment d’aller dans la mauvaise direction, lui, oui.

Le paysage n’est pas le bon. On est sur les plateaux, sur des terres dégradées avec des aménagements de rétention d’eau, complètement déserts, pas une âme qui vive à l’horizon (donc personne à qui demander son chemin). Le village est dans une vallée sableuse, où les terres sont ensemencées, où le mil commence à poindre et où il y a une foule relative. Et ce n’est pas si loin. Petit regard sur la jauge à essence. Bon ça va, on a pris large en faisant le plein ce matin.

Au bout d’une heure, on rencontre… un vieux. Ah tiens, quelle surprise, il n’entend pas super bien. Mais ses indications sont confiantes : on est passé tout droit. Et elles me rassurent sur mon sens de l’orientation, et accessoirement sur celui des moules, on est beaucoup trop à gauche. Il faut faire demi-tour et prendre à gauche au prochain embranchement. Puis, c’est tout droit. Bon. Au pire, on se retrouve en ville et on recommence, mais on commence à être salement en retard. Dès qu’on arrive dans une zone où le réseau téléphonique a prise, je reçois sur mon téléphone une multitude d’avis d’appels manqués. On nous attend, c’est évident. Et j’ai faim.

Roule roule roule. On passe dans un champ d’acacias en fleurs, ça sent bon le miel et la pluie. Après encore quelques hésitations et détours, nous voilà à l’endroit où nous laisserons notre véhicule, question de ne pas réitérer nos exploits de la semaine dernière. Petite marche agréable dans les eucalyptus, eux aussi en fleurs. Je me demande si c’est ça que sent l’Australie.

En arrivant avec près de 2h30 de retard, nous ne sommes pas exactement surpris de constater qu’il n’y a personne. Quelques vieux arrivent, des gamins aussi. On envoie les gamins aviser les femmes. On s’assoit sur les bancs qui sont là et qui attendent la réunion. Je demande une natte, mon hypoglycémie et moi ne nous sentons pas très à l’aise sur le banc bancal. On finit par avoir une rencontre, dans les conditions exactes de la précédente. Les débuts sont difficiles, mon hypoglycémie et moi avons quelques difficultés à nous concentrer et à être cohérentes. Mais le traducteur a déjà traduit cette rencontre une fois, il assure la cohérence à ma place.

Ça se termine sur les mêmes vœux et les mêmes promesses. Et sur une douzaine d’œufs. Je les emballe dans ma chemise, ce soir nous mangerons une omelette. Retour expéditif à la ville, le chauffeur me dépose chez moi, je saute sur les petites madeleines avant de prendre une douche et de me sustenter correctement. Il est 16h au moment où je mords à belles dents dans mon sandwich au Paris Pâté. At last. Je ne suis pas faite pour la famine.

2 commentaires:

  1. Anonyme4:55 p.m.

    oh le commentaire n'a pas passé. je disais quoi donque ????
    Ah oui pour Cap Pelée nous aurons carte et boussole et pas sulement une collation, le repas complet avec poulet de jardin.
    Les moules vaincront!!!!

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  2. Anonyme8:06 a.m.

    N'oubliez pas les housses en peluche d'ours bleu qui ronfle pour éloigner les bêtes sauvages, surtout les orignaux, le long de la transcanadienne!
    Et puis, Sara, la caméra de mamaman pour excuser l'oubli de photos, ça ne marche pas. Je veux des photos.

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